Irina Botea | ROUMANIE
Lieu de résidence : Hangar | Barcelone | Espagne

Comment les protestataires et les artistes peuvent-ils comprendre et même déconstruire la syntaxe des slogans et des actions de protestation ? Intéressée par la création d’une base de données sur les gestes de protestation « efficaces », Irina Botea a effectué sa résidence à Barcelone en juin 2011, au moment des protestations de 15M.

Une série de questions a ainsi guidé son travail :
- Comment peut-on participer à une manifestation collective et y insérer son comportement particulier?
- Qu’est-ce qui constitue une nouvelle forme de protestation ? Quel est la relation entre l’occupation de la place principale d'une ville et l'interaction et la visibilité du Web ?

Lors de cette résidence, elle a divisé son temps entre la participation aux protestations (diffusant en direct les actions / Manifestations, participant aux discussions de groupe) et la réalisation d’interviews sur ces mouvements. Elle a également collaboré avec 2 artistes (Anita Serrano et Merce Ortega) en créant une réponse au mouvement du 15M sous forme de vidéo-performance. Elles se sont appuyées sur les exercices d'Augusto Boal pour répéter et se rappeler les protestations. Elles ont créé des listes de mots et de gestes dont elles se sont souvenues. Ensemble elles ont assisté à des protestations et à des réunions en gardant à l'esprit que plus tard elles articuleraient une liste de gestes et de mots. « Si cela n’est arrivé qu’une seule fois, c’est comme si cela n’était jamais arrivé» était le titre d'une exposition d’Arthur Zmijewski. Elles ont utilisé la reconstitution pour créer de la distance et pour supprimer la distance entre l'acte de protestation et le moment présent, pour créer un espace nécessaire pour la critique et la traduction du présent.

Née en 1970, Irina Botea vit et travaille à Bucarest et Chicago où elle enseigne. Artiste plurimédias, elle a recours à la vidéo, à la photographie, à la performance et à l’installation. Dans son oeuvre, elle fait appel à son expérience personnelle du régime communiste roumain sous Ceausescu et à la révolution de 1989-1990 qui s’en est suivie : cette part de l’histoire de son pays constitue, selon elle, un héritage politique singulier qui définit l’identité et la citoyenneté roumaine.

À travers ces projets, Irina Botea s’intéresse aux notions d’identité et de citoyenneté, qui se construisent par la pratique et s’envisagent différemment en fonction de l’histoire et des frontières. L’artiste les aborde dans une œuvre à la frontière entre documentaire et fiction, frontière qu’elle explore avec subtilité dans l’ensemble de son oeuvre.

www.irinabotea.com